Merveilles d’hiver dans les Monts-Valin : 4 jours en ski nordique

En collaboration avec le Parc national des Monts-Valin et Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean.

En quête de l’hiver, nous sommes allées au Saguenay pour notre première expédition en ski de l’année 2024. Dans les hauteurs des Monts-Valin, nous avons trouvé de la neige, enfin! Récit d’un périple de 4 jours en ski, sac au dos avec nuits en refuge, à travers des paysages fabuleux où les fantômes nous épiaient entre les bourrasques de vent et les tourbillons de flocons.

Destination : à la recherche de la neige

Où aller quand la neige se fait attendre?

L’hiver s’est longtemps fait attendre cette année par les adeptes des sports d’hiver. La majorité des Québécois et Québécoises ont passé un Noël vert. Impatiente de commencer la saison de ski, je me rends dans les Monts-Valin début janvier avec mon amie Sarah et mon amoureux Charles qui nous accompagne avec la caméra.

Les Monts-Valin, l’endroit de prédilection

Nous avons entendu dire qu’il y a de la neige là-bas. En effet, grâce à sa situation géographique et à son relief, la région des Monts-Valin reçoit davantage de précipitations qu’ailleurs au Québec et même dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean. En plus des précipitations plus abondantes, il y fait plus froid et les vents y sont parfois très puissants comparativement aux alentours. Ces caractéristiques font en sorte que les Monts-Valin sont une destination de prédilection pour profiter de l`hiver plus tôt qu’ailleurs.

Logistique

Itinéraire de 4 jours et 3 nuits en refuge

Notre intention pour cette première sortie hivernale est de nous amuser en explorant les Monts-Valin, commencer l’entraînement en ski nordique pour de longues expéditions et s’imprégner de belle nature. Notre itinéraire s’échelonne sur 4 jours avec 3 nuits en refuge. La distance journalière varie entre 6.5 et 8.5 km sur les sentiers avec un dénivelé considérable à travers les lacs et les pics de ce beau parc national du réseau Sépaq.

Équipement

Nous amenons dans nos sacs à dos tout le matériel nécessaire pour dormir en refuge, cuisiner nos repas, notre nourriture, les vêtements qu’il nous faut pour rester au chaud et le matériel de secours en cas de pépin. (On peut aussi choisir l’option du transport de bagage en motoneige, un service offert par la Sépaq pour ceux et celles qui désirent randonner léger.)

Le ski nordique

Notre itinéraire se trouve sur un sentier partagé de raquette et de ski nordique. Le ski nordique, c’est du ski de fond dans des sentiers balisés, mais non damés ou tracés. Les skis nordiques sont typiquement un peu plus larges que des skis de fond classiques et sont adaptés pour l’installation des demi-peaux ou des peaux complètes pour l’ascension en terrain vallonné.

C’est l’option que nous avons choisie pour partir à l’aventure! Nous chaussons nos skis sur une belle neige fraîche qui tombe depuis la veille. Je suis ravie de voir les flocons tourbillonner autour de nous et les sommets enneigés du parc partout où mon regard se pose. Nous avons effectivement trouvé l’hiver!

Sentiers en forêt et paysages enneigés

Peu à peu, nous nous enfonçons dans la forêt enneigée du parc entre les monts et les vallons. Il n’y a pas un son ou un mouvement autour de nous, tout est paisible. Les sapins et les épinettes nous regardent de haut, tous ensevelis de neige.

Parfois, la cime des arbres forme un tunnel surplombant le sentier et on se sent enveloppé par la présence bienveillante de sentinelles immobiles. Les passages le long des lacs gelés sont magnifiques et nous permettent d’avoir une belle vue d’ensemble sur le paysage enneigé.

Les montées se succèdent en paliers, le sentier sinue à travers la forêt le long des parois rocheuses. Nous passons devant un beau point de vue où l`horizon s’étend jusqu’au fjord du Saguenay. Un dégradé de bleu enveloppe les montagnes jusqu’à l’infini. C’est un bon moment de contemplation ainsi que pour apprécier le moment présent.

Nuits en refuges

Nos soirées s’éclairent à la chandelle et sont chauffées par une douce chaleur de poêle à bois. Même s’il n’y a pas d’eau et d’électricité, nous sommes très confortables dans les refuges pour cuisiner nos repas et y dormir. Il y a déjà des matelas sur place, nous n’avons qu’à apporter nos sacs de couchage et oreillers de camping. Les refuges de notre itinéraire sont L’Ulysse, Le Fantôme et L’Hibernal.

Nous apprécions d’avoir apporté des mouflons pour nous chausser dans les refuges pendant que nos bottes de ski sèchent près du poêle à bois. Ces bottillons de camping sont isolés en duvet. Les semelles antidérapantes et imperméables nous permettent d’aller dehors pour chercher de la neige ou des bûches sans devoir changer de chaussure.

Les lampes frontales sont aussi de mise pour s’éclairer tout en ayant les deux mains libres. Nous installons une de nos cordes pour faire sécher nos vêtements, car les quelques crochets en place ne sont pas suffisants pour accrocher les affaires de notre petit groupe et celles des autres randonneurs et randonneuses qui occupent les refuges en même temps que nous. Je recommande aussi d’apporter des bouchons pour dormir paisiblement au cas où il y aurait des ronfleurs ou ronfleuses parmi vos voisins en refuge.

Paysages hantés

La légendaire Vallée des Fantômes

L’attrait spécial du parc national des Monts-Valin est sa célèbre Vallée des Fantômes. Dans les creux des hauts sommets du parc, la neige abondante et le vent provoquent une poudrerie qui s’amoncelle en quantité impressionnante. Les conifères se vêtent alors d’un épais manteau de neige qui les enveloppe complètement, formant ainsi des silhouettes parfaites de fantômes de toutes les tailles. Gare à ceux et celles qui s’aventurent trop près des fantômes, car vous pourriez disparaître mystérieusement dans des puits de neige profonds de plusieurs mètres!

Momies givrées

Tard à l’automne, avant que la neige abondante forme les fantômes, d’autres créatures étranges règnent sur les cimes des Monts-Valin. Parfois, d’épais brouillards enveloppent les sommets de plus de 900 mètres d’altitude. Les petites gouttes d’eau en suspension se déposent sur la végétation et gèlent sous l’effet des grands froids annonciateurs de l’hiver. Drapés dans une coquille de givre, les arbres se transforment alors en momies stupéfiantes. Ce spectacle est tout autant magnifique pour les randonneuses automnales.

Pentes abruptes et arrivée dans la Vallée

Nous arrivons dans la Vallée des Fantômes lors de notre deuxième journée. Nous avons gravi plusieurs pentes assez abruptes qui m’ont fait regretter de ne pas avoir mes raquettes pour se rendre jusqu’ici. Les peaux d’ascension qui recouvre mes skis en longueur ne sont parfois pas assez adhérentes pour me permettre de monter certaines côtes à pic avec mon sac à dos de 40 lb.

Le refuge Le Fantôme est niché au creux des arbres. Nous y laissons nos sacs à dos et nous montons jusqu’au Pic Dubuc, le sommet le plus haut du parc. La sensation de légèreté est incroyable et un second souffle d’énergie m’envahit.

« Nous contemplons la vue magnifique au crépuscule, puis après avoir enlevé nos peaux d’ascension, nous descendons la piste à toute allure parmi les fantômes à la lumière de nos frontales. La sensation est grisante et c’est définitivement mon moment préféré de notre périple! »

–

Type d’équipement

Tempête et descentes abruptes

Le lendemain, des vents de 100 km/h soufflent sur les sommets. Bien emmitouflées, nous partons dans la tempête. Le sol est recouvert de débris de forêt; de branches, de lichens et d’écorce de bouleau, mais la visibilité est bonne.

Une journée de descente nous attend. Les pentes ensevelies de belle poudreuse fraîche se descendent bien en ski-raquette pour Charles qui jubile de bonheur. Avec mes longs skis nordiques, je garde les peaux d’ascension pour freiner mes descentes dans les pentes abruptes. Sarah, qui n’a que des demi-peaux sous ses skis, peine à garder son équilibre lorsqu’elle prend de la vitesse et multiplie les chutes au cours de la journée.

Les ski-raquettes ou ski Hok : une alternative aux skis nordiques

Des raquettes auraient mieux été adaptées pour ce type terrain. Cependant, les ski-raquettes sont plus larges, munis de demi-peaux permanentes et permettent de profiter de la belle glisse lors des descentes avec davantage de stabilité et de contrôle. Ce serait le type d’équipement que je choisirais lors d’une prochaine sortie dans les Monts-Valin.

Épilogue

Finalement, notre expédition se termine par une belle journée au doux dénivelé. Nous profitons des derniers moments de glisse sur la fine couche de neige fraîche. Nous nous arrêtons à quelques reprises pour observer des traces d’orignaux ou de lièvres sous les flocons légers qui tombent doucement. J’aimerais que le temps s’arrête. Je savoure les derniers kilomètres dans ce paysage magnifique. Vive l’hiver dans les Monts-Valin!