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Les Monts Groulx d’Est en Ouest : Récit d’Aventure avec un grand A

Où tout a commencé…

Guy Boudreau et Sébastien Larose entament l’ascension vers leurs rêves : le premier désire parcourir les Monts Groulx, afin de bâtir une grande traversée d’est en ouest, tandis que le deuxième rêve de devenir photographe d’aventures.

Les deux amis passent un total de trois semaines à vivre en symbiose avec la nature dans cette immensité sauvage que sont les Mont Groulx, s’alignant vers la réussite de leur projet respectif. Vingt-six ans plus tard, c’est mission accomplie : ils refont la même expérience ensemble, mais cette fois, Guy est à la tête d’un groupe de huit marcheurs dont je fais partie qui effectueront cette grande traversée pendant que Sébastien documentera le tout dans l’optique de réaliser un court métrage sur l’expédition.

En riant au souvenir de leur première expérience, les deux comparses énoncent qu’à l’époque, personne n’avait voulu publier leur récit ni leurs photos, entre autres parce qu’ils ne portaient pas de vêtements à la mode sur les clichés.

Malgré qu’ils ne se soient vus en chair et en os que sept fois dans leur vie, leur complicité est d’une évidence qui explique qu’ils aient pu s’amuser avec si peu durant leurs trois semaines d’expédition: la discussion tourne rapidement en joute verbale où chacun se relance à coup d’un savant maniement de la langue française, prenant fin seulement lorsque l’un d’eux est coupé dans son élan par son propre fou rire. Deux hommes incroyables qui donnent l’impression de deux enfants jouant à l’adulte, s’amusant au travers de ces vies qu’ils ont forgées et choisies.

Crédit Photo : Sébastien Larose Photographe

Les Monts-Groulx : une expérience unique

Les traversées

L’expédition d’est en ouest dans les Monts Groulx est unique en son genre. La traversée nord-sud attire normalement un plus grand nombre d’adeptes, variant entre randonneurs plus ou moins aguerris. C’est d’ailleurs une autre des missions de Guy Boudreau: sensibiliser les gens à la réalité d’une randonnée dans les Monts Groulx.

Notions de base

Ne se lance pas qui le veut simplement par bon vouloir; il faut entre autres avoir quelques notions de survie ainsi que d’orientation en poche. La température peut facilement changer rapidement et l’absence de balises augmente le défi déjà immense d’aller affronter ce massif de sommets montagneux. Comme il le dit si bien, « mieux vaut être prêt qu’au cas qu’en cas! ».

L’expédition

Départ en hydravion 

L’expédition débute par un départ en hydravion qui donne le vertige, non pas de par sa hauteur, mais par l’immensité qui se dévoile de plus en plus sous nos pieds; à des kilomètres à la ronde, toutes traces humaines s’effacent, ne laissant que la nature, sauvage, et l’aventure qui nous attendent impatiemment.

Un territoire sauvage intouché

Le retour en arrière devient impossible, il faudra inévitablement marcher pour franchir la distance séparant notre point de départ de la ville. Cette marche s’effectue au gré des passages que la nature a créés : aucun chemin n’est tracé par l’humain, c’est la lecture de terrain de Guy, la carte et la boussole qui conduiront nos pas, nous amenant parfois à traverser des portions de forêt plus dense ou des dénivelés escarpés au travers de bouleaux nains qu’il faudra enjamber.

Immortaliser les moments

Heureusement, le trajet découle inévitablement vers une vallée où il fait bon de planter sa tente et discuter autour du feu, devant des paysages sans cesse grandioses. Au travers, Sébastien parcoure plus du double de notre distance, montant plus haut, effectuant multiples aller-retour pour s’assurer d’obtenir les meilleurs plans : il n’y a que lui pour immortaliser la beauté des lieux, notre émerveillement, notre évolution et notre marche à travers la toundra.

Reconnecter avec le moment présent

Au sommet des Monts Groulx, aucun réseau ne passe; il ne nous reste qu’à connecter à nos besoins les plus profonds, manger, dormir, nous réchauffer pour ensuite mieux connecter les uns aux autres. Le déclic s’effectue à la vitesse de l’éclair, tellement qu’au bout de cette expédition, c’est un peu le deuil d’une nouvelle famille qu’il faudra faire.

L’inexplicable se produit, chacun devient un tout pour former un groupe uni, où chaque personne, sans même en prendre conscience, lit son suivant pour s’assurer que tout se passe bien de son côté. Cela passe par la petite tape d’encouragement dans le dos jusqu’au délestage d’une partie des bagages pour aider à traverser la journée. C’est inconscient, mais tellement doux, présent, bienveillant. Une chorégraphie poétique de gestes grandeur humaine, qu’on réussit à pleinement ressentir sans la distraction de nos écrans.

Revirement de situation : une tempête de neige en plein mois de septembre

Cette collectivité nous permettra de passer à travers la fin de l’expédition : après huit jours de beau temps exceptionnel, de fous rires, de baignade nue, libre dans les lacs et de conversations profondes, sans aucune inhibition, la pluie nous accueille en matinée, augmentant à chaque heure qui passe.

Le vent se lève, l’accompagne pour s’assurer de refroidir le thermomètre en cours de route. Le lendemain, au réveil, un tapis blanc nous attend, le vent a gagné en force : le risque d’hypothermie, de se blesser ou toute autre problématique gagne en probabilité. En effet, c’est une tempête de neige qu’il faudra affronter sur huit kilomètres de distance sur un plateau de la toundra, qui nous expose largement au vent, avant de finalement amorcer une descente qui n’en sera pas plus facile. Cette deuxième portion, malgré la protection des arbres face au vent, est victime de la montée des eaux de la veille et devient très technique.

Crédit Photo: Sébastien Larose Photographe

Le groupe demeure soudé, conscient des risques, conscient de la gravité de la situation. En dedans de moi, je me concentre sur ma gestion de mes émotions, de mes peurs, pour réussir à traverser les derniers kilomètres; c’est la seule chose que je peux offrir au groupe, m’empêcher de craquer pour éviter une évacuation. J’admire d’autant plus ces personnes qui ont encore la force d’encourager les autres, de leur lancer un regard bienveillant ou de leur tendre un bout de leur barre tendre pour leur éviter de se geler encore plus les doigts à ouvrir leur sac.

L’arrivée au campement final

Au bout d’un 7 heures éreintant de marche, nous arrivons enfin au camp à Guy, où mettre du linge sec s’avère l’un des plus grands bonheurs qui soient, suivi de près par le fait de s’asseoir devant le poêle à bois qui chauffe allégrement.

Chacun s’étreint, pleure un peu de soulagement. De tristesse aussi, parce que la fin de cette épreuve sonne aussi la fin de l’aventure.

Le retour à la maison est difficile, brutal.

Tranquillement, je me redépose dans cette réalité qui me semble étrangère; je vis un choc culturel de retour à la maison, la tête encore un peu perdue à travers l’immensité des Monts Groulx. La routine domestique d’ici ne fait pas de sens sans les bâches à démonter le matin, les feux à éteindre, les sacs à remettre sur son dos; je ne peux que remercier la vie pour cette aventure magique, dans laquelle j’ai eu la chance de côtoyer des êtres humains d’exception, des bons vivants comme on les aime, au travers d’une nature sauvage, immense et grandiose qui me permet de relativiser tout le reste.

Être invitée à vivre un peu le rêve de ces deux grands hommes me fait rêver moi-même à de prochaines aventures.

Gabrielle Gagne

À propos de Gabrielle Gagne

Si un être humain est composé à 60% d’eau, Gabrielle, elle, est composée à 20% de caféine, 20% d’envie de découverte et 20% d’hyperactivité. Dans le manuel d’apprentissage sur “comment devenir son ami”, on y mentionne qu’on peut la gagner soit en lui donnant de la nourriture, soit en lui achetant des bas fluos avec des dessins étranges. Elle est quand même un peu antisosciale, ce qui fait qu’elle aime bien se réfugier en montagne loin des gens. Pour elle, la planification d’un roadtrip inclut de mettre beaucoup de temps pour la préparation d’une playlist solide. Elle espère vous faire découvrir québec et ses régions au travers de ses façons de faire peu conventionnelles.

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