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Anticosti, l’imprenable

Par 18 novembre 2018 Aventures, Côte-Nord, Roadtrip

C’est en planifiant mes vacances sur la Côte-Nord que j’ai aperçu sur la carte du Québec ce petit bout vert qui détonne dans le fleuve St-Laurent : Anticosti. L’île mythique, l’île dont on oublie rapidement l’existence si ce n’est que pour parler de forages exploratoires, malheureusement. Mais au-delà de ce que couvre les journaux, se cache un endroit pur, peu fréquenté, d’une beauté exceptionnelle.

De Rivière-au-tonerre, l’Express Anticosti part aux petites heures pour apporter les quelques passagers sur l’île. Un trajet de 2 h 30 qui peut donner froid à certain, puisque la trentaine de sièges est couvert uniquement par une toile de plastique, laissant le vent du large pénétrer à l’intérieur. Un bien moindre mal lorsque l’on se rappelle de la fabuleuse destination que l’on voit poindre à l’horizon dès les premières minutes du trajet.

L’arrivée à Port-Meunier, l’unique village, pique la curiosité. Deux cents habitants seulement y résident. On y trouve facilement de quoi faire des provisions avant de quitter aux divers coins de l’île, et surtout, de l’eau potable, comme à l’extérieur du village l’eau ne l’est pas (ou n’a pas été analysée). Les gens y sont avenants, drôles, courtois : ils transpirent la simplicité et ça nous donne déjà le goût de rester. Un cerf de Virginie approche, il sent la nourriture que les passagers du bateau trainent avec eux et trêve de politesse, il cherche à s’empiffrer dans les denrées rapportées.

Munie d’un backpack, mon but est de marcher jusqu’à Baie Sainte-Claire, là où j’avais réservé pour une chambre à l’Auberge Pointe-Ouest. Bien rapidement, l’aimable dame de l’accueil touristique me trouve un lift avec les bénévoles de l’auberge. Quoi demander de mieux que de s’éviter 20 kilomètres de route de gravier à pied? Sous mes yeux défilent de la forêt, de la forêt, de la forêt. Le rêve, quoi. L’auberge accueille également une résidence d’artiste, où j’ai pu assister au vernissage de Viviane Bertrand. Le maire, quelques religieuses, des résidents, les bénévoles de l’auberge… tous y étaient. Le sentiment de communauté émerge rapidement à Anticosti, les projets y sont précieux et valorisés.

Avec ses 7900 km², l’île a une taille semblable à la Corse. Difficile dès lors de l’explorer totalement en peu de temps. La première journée, j’ai visité l’épave du navire Calou, échouée en 1982. Toujours impressionnant de témoigner que ces moments de l’histoire résistent au temps sur Anticosti; les naufrages y ont été nombreux, près de 400 depuis le 16e siècle et persistent à laisser des traces qui nous submergent de beauté et de mystère à leur tour. J’ai pu également me rendre à pied par la forêt à l’Anse aux fraises, une baie calme et magnifique, où l’on peut admirer les restants d’un ancien village et un cimetière. Curieux de pouvoir imaginer la vie des habitants de l’époque, avant 1900…

Le lendemain, j’ai pu emprunter une veille bécane à l’auberge dans le but d’explorer plus rapidement l’île. Rapidement est un bien grand mot, puisque les routes de gravier freinent jusqu’à la bonne volonté, mais tout de même, ça reste plus rapide que la marche. J’ai pu errer dans les forêts denses, où les chemins sinueux ne possèdent aucune indication, et déboucher sur le lac Plantain. Quelques enfants s’y baignaient; une sortie du camp de jour sans doute.

Sur le retour, je suis arrêtée à Baie-Ste-Claire, quelques ruines de maisons y gisent également. La vue y est agréable, sereine.

Et puis, rendue à l’auberge, je contemplais l’épave de loin avec le soleil qui descendait peu à peu. C’est à ce moment qu’un groupe de chevreuils s’est approché, doucement… J’ai senti le moment de la photo parfaite. J’ai pu m’approcher tranquillement de ce bel ami, après vingt minutes de patience, alors que le reste du groupe était parti. Ce court instant résume bien la beauté sauvage d’Anticosti.

Et dans le temps de cligner des yeux, je devais repartir. L’île m’a laissé un sentiment de mystère, mais également de plénitude. Ceux qui adorent la simplicité ponctuée de l’immensité des paysages y seront assurément comblés. C’est un territoire d’une richesse incomparable; naturelle bien sûr, mais temporelle aussi, puisque le temps s’y arrête, soucieux que les insulaires profitent de ce qui leur est offert. J’y retournerai bientôt, question de combler la curiosité qui n’a qu’à peine débuté…


Par Nadia

Nadia Morin

À propos de Nadia Morin

Nomade dans l’âme, elle aime vivre au rythme des montagnes qui défilent sous ses yeux. C’est dans l’inconnu qu’elle trouve son confort, parcourant les pays où il fait bon rire, vibrer, explorer. Curieuse, elle adore détailler les paysages du regard et en capturer les précieux moments derrière son appareil-photo. Amoureuse de camping, elle part sans se faire prier. Les pieds dans un sac de couchage, les cheveux mêlés et le cœur en fête, que demander de mieux? Le vin est bien meilleur savouré sous un ciel étoilé, à la chasse aux constellations. Elle aime taquiner le risque, en improvisant sur son longboard, en enfourchant son vélo, en retrouvant un kayak, en gravissant quelques monts… en savourant chaque brin de nature, quoi! – On dit d’elle qu’elle est douce, fantasque, un peu sauvage. (Delphine de Vigan)

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