Le temps des fêtes arrive et, avec lui, le devoir de prendre soin de nous. Pour moi, prendre soin de moi ça ne veut pas dire spa, masque capillaire ou massage de pied, loin de là.
Ma journée pour moi commence par un café chaud et des bas de laine. Puis, elle se divise en défrostage des vitres, ride de char périlleuse sur des petits chemins mal déneigés en écoutant Franz Ferdinand ou Klô Pelgag, montagnes couvertes d’une lourde neige de début d’hiver, snack de granola faits maison mangé quand même vite pour ne pas se geler les mains, joues rougies et oreilles qui brûlent un peu, raquettes aux pieds et buée dans les lunettes, air frais qui collent les narines ensemble et qui donne des nouvelles sensations aux petits becs dans le cou, thermos de chocolat chaud qu’on sent descendre dans la gorge comme une gorgée de whisky, ride de char avec les jambes molles dans le soir qui tombe si tôt, vin chaud à la maison et, finalement, un bon livre dans un cocon de chaleur/douceur, préférablement fourni par un chat paresseux.
Je vous partage donc aujourd’hui mes couples montagne-de-neige et livres québécois favoris. À noter que vous être libre de les associer comme bon vous semble!
1) Du bon usage des étoiles, Dominique Fortier, Éditions Alto, 2008.
J’adore l’œuvre complète de Dominique Fortier qui est à la fois drôle, sensible, intelligente et divertissante, mais je vous suggère ici son tout premier roman. Du bon usage des étoiles est l’histoire de l’expédition de sir John Franklin en Arctique, mêlant avec délicatesse et humour les traits distingués de l’époque victorienne et ceux, disons plus aventuriers, des équipages de voyages outremers. Si jamais vous êtes moins type roman-aventure, je vous recommande chaudement son livre de l’année, Villes de papier (Alto, 2018). Elle y écrit en dentelle l’histoire de la poète Emily Dickinson, d’une plume distillée qui fait rêver.
Mont Chapman : montagne de 658 m d’altitude et 380 m de dénivelé, elle se fait aller-retour en environ 2h30. Parfaite pour une randonnée de raquette d’après-midi et située à peine à 20 minutes de Sherbrooke, ses arbres couverts de neige vous en mettront plein la vue!
2) Le poids de la neige, Christian Guay-Poliquin, Éditions La Peuplade, 2016.
Ce roman paru en 2016 a fait énormément parler, mais ce n’est que cet automne que je m’y suis finalement mise. Cette histoire en huis clos d’un jeune et d’un vieil homme immobilisés plusieurs mois durant par la neige installe des tensions qui ne sont pas sans rappeler celles des livres d’Apocalypse et de fin du monde, tout en ne tombant jamais dans le mélodramatique et l’excès. Dosée avec justesse, elle saura vous faire sourire et trembler à la fois !
Mont Chauve : 600 m d’altitude. Situé dans le parc du Mont Orford, cette montagne pas-si-haute-mais-qui-a-du-chien saura satisfaire votre désir de bouger et de respirer de l’air frais. Elle est superbe à parcourir en raquette et si vous êtes attentifs, vous croiserez des autoroutes de pistes de lièvres !
3) Chercher Sam, Sophie Bienvenu, Éditions Le Cheval d’août, 2015.
Chercher Sam est le récit à la fois brut, brutal et sensible d’un jeune homme de la rue de Montréal qui perd sa chienne Sam. Le roman, écrit dans un langage quasi oral, fouille sous les stéréotypes pour exposer une histoire à la fois singulière et plurielle, qui m’a tiré quelques larmes, je dois l’avouer. Il traduit une réalité sociale avec une humanité déroutante. Il saura vous ramener à vos valeurs de Noël!
Mont Gosford : 1 193 m d’altitude. Comme ce roman est un peu plus court, je me permets de vous suggérer une montagne plus grosse. Le mont Gosford, littéralement sur la frontière du Canada et des États-Unis, offre un sentier de 9 km qui vous fera à la fois suer et sourire. Son sommet offre une vue à 360 degrés sur les montagnes du Maine et sur le parc du Mont Mégantic. Définitivement un de mes plus grands coups de cœur!
4) La vie littéraire, Mathieu Arsenault, Éditions Le Quartanier, 2016.
Cette petite plaquette pique comme un buisson d’épines. Acerbe, brutale et sans pitié, La vie littéraire jette un regard on ne peut plus critique sur l’industrie du livre. Le ton cinglant invite à la fois à défendre nos institutions littéraires, mais à la fois à en rire. Surtout, il nous invite à nous faire notre propre jugement sur la façon dont on traite socialement le livre et l’œuvre littéraire. Loin d’être réservé aux initiés du monde de la littérature, ce livre ne requiert en préalable qu’une ouverture d’esprit et un peu d’autodérision !
Sentier des cimes : 330 m de dénivelé, boucle de 11,4 km. Situé dans le secteur Franceville du parc du Mont Mégantic, ce magnifique circuit et mon préféré à faire en raquette. L’entière montée se fait sur une crête, offrant continuellement une vue impressionnante sur les environs. La descente suit un petit ruisseau, offrant un paysage apaisant. À noter que ce secteur est également réputé pour avoir particulièrement beaucoup de neige !
5) Grosse, Lynda Dion, Éditions Hamac, 2018.
Cette œuvre renouvelle sans aucun doute la littérature québécoise. Cette histoire est celle d’une femme, mais aussi celle de nombreuses femmes. L’écriture acérée de cette œuvre qui oscille entre le regard intérieur et celui extérieur sur le corps est bouleversante de justesse. Cette lecture est à la fois fluide et hachurée, saura vous permettre de relativiser ces complexes qui nous pourchassent comme des bêtes galeuses. Cette œuvre aboutie a incontestablement marqué mon année littéraire 2018.
Parc écoforestier de Johnville : je me permets ici de déroger et de vous recommander un sentier qui n’est pas une montagne. À 25 minutes de Sherbrooke, ce parc municipal offre des sentiers somptueux qui passent à travers des plantations de conifères comme à travers une tourbière. Le grand tour prend environ 1h30 à faire en raquette et permet d’observer plusieurs écosystèmes différents. À noter qu’il est accessible en skis de fond également.
Et vous, quelles sont vos montagnes et vos lectures coup de cœur de 2018 ?
Par Anne-Marie D.
