Voici le nouveau portrait de Femme-Nature. Une série qui porte sur le parcours de femmes inspirantes pour qui la nature occupe une place privilégiée au quotidien.
« Il y a tant de choses que je ne t’ai pas dites hier… En allant marcher au lac, j’ai des réponses qui me sont venues en tête ! »
Cela donne tout de suite une idée de l’engagement d’Ariane lorsqu’elle entame quelque chose.
Le lendemain de notre entrevue, cette Femme-Nature aussi inébranlable que spontanée me servait sur un plateau ses réflexions approfondies, synthétisées et articulées pour finaliser notre échange. Pourquoi faire à moitié quand on peut faire à fond ?
Alors je vous présente Ariane Marchand qui parle d’elle-même !
D’où viens-tu ?
De l’Abitibi, mais aussi de tous les endroits que je parcours ! Avec un attachement particulier pour Mont-Tremblant où j’ai vécu mon adolescence et où je reviens vivre ma vie d’adulte.
Et contre tout attente, je me sens aussi un peu Montréalaise…je suis bien aussi en ville à condition que la vie à pied soit possible !
Jeune, étais-tu déjà sportive?
Absolument pas ! J’étais gauche, allergique au sport d’équipe et plus attirée par le centre d’achat ou le cinéma qu’une marche en forêt.
Vers 15 ans, j’ai goûté au plein air en arrivant à Tremblant grâce au ski alpin, premier contact avec la montagne et la vie en extérieure. Et bien que je n’avais pas une once de témérité à l’époque, j’ai découvert le plaisir de l’aventure en suivant les autres en hors-piste et dans les sous-bois.
De fil en aiguille j’ai commencé l’entrainement en plein-air, la randonnée, la course en forêt, jusqu’à devenir entraineuse sportive pendant mes études.
Aujourd’hui, je suis fière de dire que le plein-air fait partie de mon quotidien même si ce n’est qu’en loisir et en passion. Je pratique une multitude de sports différents, mais si j’avais une étiquette ce serait celle de Randonneuse. C’est ma soupape d’évacuation. Remède miracle pour personne ayant de la difficulté à décrocher du quotidien ! Marcher assez loin et assez longtemps pour ressentir l’effet magique : Être inatteignable!
Qu’est-ce que le Québec pour toi?
Un terrain de jeu infini et tellement diversifié ! C’est assez incroyable de pouvoir expérimenter autant, depuis chez soi, de gagner en expérience tout en restant proche de la maison, et finalement de se sentir prêtes pour des aventures lointaines, à l’étranger.
Chacun de mes voyages ou expéditions est précédé d’un test à la maison d’abord. Entre les ours, les coyotes, les bibittes et les zones sans réseau c’est sûrement un faux sentiment de sécurité, mais il a pour effet de dire qu’une fois qu’on l’a vécu ici ; on peut sûrement réussir encore et ailleurs. Et peut-être même dans de meilleures conditions !!
Qu’est-ce qui t’a amené à tenter une expérience en haute montagne?
Cela fait plusieurs voyages dans lesquels je ressens un manque, un sentiment de «pas fini».
Au moment où le sentier se termine, que le groupe d’amis avec qui je suis en a assez, moi je me dis : « mais voyons c’est ici que le fun commence » ; les 2 pieds dans la neige, un petit sentiment d’adrénaline et Hop c’est là que j’ai envie d’aller !
Et quand une « Bernache » (nom du groupe d’amies avec qui j’évolue depuis plusieurs années) nous a demandé : C’est quand la dernière fois que tu as fait quelque chose de nouveau pour toi, seule, sans ami, conjoint, famille ou enfant pour t’accompagner ? ce fut mon coup d’envoi !
Je suis allée suivre mes cours de Haute Montagne et, depuis, mon agenda quotidien contient une case : Ai-je fait quelque chose liée à la montagne aujourd’hui ?
Pour commencer, j’ai organisé un trek de 5 jours dans les Alpes pour ma mère et ma tante, précédé d’un programme d’entrainement sur 9 mois, histoire de remplir notre baril « plaisir » !
Ensuite, j’ai testé mes capacités d’orientation dans les Monts-Groulx pendant 10 jours en totale autonomie avec une amie. Des étendues si vastes qu’on peut être pris de panique, s’y perdre dans un brouillard intense, s’y sentir absolument dépayser et au final y renforcer son sentiment d’appartenance, car même au Grand Nord, c’est chez nous ! Notre territoire regorge de défis pour se confronter à toutes sortes de circonstances.
Avec les monts-Groulx, je venais d’élargir drastiquement ma zone de confiance en mes compétences, en mes facultés d’adaptation. Le vent, les tempêtes, la forte chaleur et ses bibittes puis le grand froid et sa neige ont repoussé mes limites. Il m’a fallu trouver des parades au harcèlement des insectes, organiser des répits pour nous ressourcer, garder une synergie dans notre duo, inventer des codes pour se signaler nos besoins, désamorcer les crises et surtout continuer de rire au milieu des défis. Voilà j’étais prête pour d’autres aventures !
À l’automne passé, je suis partie 4 mois en road trip de plein-air au Chili. J’ai sillonné les parcs nationaux avec de multiples imprévus et beaucoup de revirements !
Et finalement, avant de rentrer chez moi, j’ai enchaîné avec ce fameux voyage d’alpinisme pur… 3 semaines sur l’Aconcagua en Argentine avec son lot de rebondissements qui force à prendre des décisions capitales alors que tu es sensée t’en remettre au guide. Oui, un guide, ça peut tomber malade ! On a dû organiser son évacuation et, une fois seuls au camp de base, se prendre en main. J’ai pioché dans mes ressources acquises, fait preuve de leadership et rempli mon baril « performance ».
Comment fais-tu pour t’entrainer à la Haute Montagne au Québec ?
Et bien, je me prépare avec les outils qui sont à ma disposition et je reste consciente qu’une part d’inconnu et d’imprévu va demeurer.
- exercices de respiration
- douches froides pour améliorer la circulation et l’acclimatation
- travail sur mes sens pour apprécier et améliorer mes capacités en randonnée et expédition
- ski de fond hors-piste à la noirceur sans lampe frontale pour m’acclimater aux lueurs nocturnes et me faire confiance
- m’analyser et me pousser un peu plus chaque fois que je suis confrontée à un environnement non familier.
Après tout, je ne rêve pas de sommet, je rêve d’expérience. Que l’on fasse de la longue randonnée en Estrie ou dans les Torngat, on est chez soi ; le paysage, l’ambiance, la diversité et la nature sauvage sont là. Je n’ai aucun enjeu à ne pas me rendre. Le moment libérateur pour moi, ce n’est pas l’issue de l’aventure, c’est la marche !