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Deux personnes en canot sur la rivière La Diable

Décrocher, même dans ma cour

Il a fallu tirer un trait sur les grands voyages, les aventures lointaines, les découvertes exotiques, le dépaysement garanti. Pas de nouvelles cuisines à goûter, pas de nouvelles langues à écouter, pas de nouveau rituel à apprivoiser, pas de nouvelle contrée à arpenter. Il a fallu se contenter des paysages habituels parcourus au quotidien, du territoire avoisinant déjà sillonné tous les week-ends, de ces montagnes laurentiennes bien connues.

Juste du déjà vu… Enfin à première vue !

Alors, comme dans toute circonstance bouleversante, j’ai eu besoin d’un remède pour adoucir les déceptions, besoin de contrebalancer mes frustrations et ramener cette si précieuse liberté que j’avais conquise. Il me fallait un baume pour rendre la situation tolérable, repousser la victime passive qui m’immisçait, éviter la ronchonnerie contre les autres et les éléments, empêcher les projets de filer comme de petits jouets dans l’eau du bain. Mais comment reprendre cette part de contrôle, de choix et de décision, tout particulièrement dans mes loisirs si taillés à la hache ?

C’est donc dans ma cour que j’ai trouvé mon bol d’air.

Même si la destination lointaine nous promet le dépaysement, notre cour regorge de pépites discrètes que nos yeux, parfois blasés, ne voient plus.

Maintes fois parcourue ou pas, il suffit parfois de porter un regard différent sur notre région pour y découvrir un paysage aussi mouvant qu’émouvant. Que ce soit à travers l’activité qu’on y pratique, que ce soit la saison, l’heure ou même la météo du moment, la nature offre toujours un spectacle inédit et renouvelé.

Ainsi, l’été passé, j’ai finalement revisité mes classiques et, comble du bonheur, la surprise et le plaisir ont dépassé mes attentes !

D’abord, quand on est en pleine nature, on lâche les dépendances à l’électronique, à la consommation, aux réseaux sociaux… Et on regarde avec un esprit neuf et ouvert ce que l’on ne percevait plus… La lumière de l’aube, la surface lisse de l’eau, la présence des autres, la simplicité d’une belle journée…

Chacun respire à plein poumon, les yeux aux aguets de ce que la faune nous réserve. La mission d’une journée pourrait presque se résumer à être présent, apprécier, dépoussiérer nos sens ! Puis, on essaie de nouvelles activités pour varier les sensations et les approches. Remplacer le vélo de route par un vélo de montagne m’a ouvert une panoplie de sentiers aussi surprenants que superbes juste à côté de chez moi, du Domaine St Bernard jusqu’à Tremblant. J’ai retraversé le petit lac Mercier, sans moteur cette fois, plutôt en paddle-board pour prendre mon temps, entendre le clapotis des vagues et jaser avec les outardes ; quel bonheur de terminer la journée dans une bouffée de douceur au coucher du soleil. À l’occasion, j’ai troqué mes bottes de rando pour des chaussons d’escalade et admiré les lacets de la Rivière Rouge depuis les parois de la Montagne d’Argent.

Retourner au parc du Mont-Tremblant pour la Xième fois et camper à 30 minutes de la maison s’est avéré être mon coup de cœur. J’ai adoré redescendre La Diable en canot avec les enfants devenus grands et nous, rajeunissant. Une petite escapade magique alors que les premiers rapides s’accompagnent de belles rigolades et que la rivière cristalline serpente au creux des sapins vert sombre. On a même eu droit aux premières nuits glaciales de fin d’été qui poussent à relancer le feu de bois au petit matin, provoquant quelques remarques complices en pensant à notre douillette maison de l’autre côté de la montagne ! Cette fois-là, je me suis même portée volontaire pour la vaisselle ; juste histoire de descendre au lac aux Herbes, tremper mes mains dans l’eau fraîche au son des grenouilles.

2021, c’est le moment de chercher en nous ce qu‘il est important de nourrir, et de le faire avec ce qui nous reste. Savez-vous à quel point les restes peuvent donner des merveilles toutes simples, à peu de frais, quand on se permet de leur offrir un bel accueil ?

Un pan de ma vie s’est figé depuis un an, mais pas mon envie de plonger dans l’air frais des sous-bois, ceux tout près derrière chez moi, ceux qui ont le pouvoir magique d’oxygéner mon corps, mon esprit et mon coeur.

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