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Le Nunavik : l’aventure au quotidien

Quand je suis entrée dans l’avion d’Air Inuit pour la première fois, j’ai eu la bizarre impression que tout le monde se connaissait.

«- Hey, comment vas-tu? Tu es de retour?

– Oui, oui, mes vacances sont terminées!

– Re-bienvenue!  J’espère que tu as mis tes combines, parce qu’il fait frette à Kuujjuaq! »

Silencieuse, je suis allée m’asseoir à ma place pendant qu’une mère de famille berçait son bébé dans son amauti, le manteau traditionnel Inuit, un manteau avec un géant capuchon dans le dos où les enfants en bas âge sont transportés sur le dos de leur mère.  L’avion décolle maintenant et les consignes de sécurité sont transmises en français, en anglais et en Inuktitut.  Je me sens déjà dans un autre monde.  Nous sommes en plein milieu du mois de février et je m’apprête à faire un long vol : je quitte Montréal aux alentours de 9h00, mais l’avion arrivera à Salluit seulement à 17h00 ce soir. L’avion s’envole, mais réatterrit fréquemment. C’est que l’avion ici, c’est un peu comme un autobus de la STM, il arrête dans chacune des 14 communautés du Nunavik, pour amener des passagers partout sur cet immense territoire, avec des vols de 20 à 45 minutes entre les villages.

À chaque arrêt, l’avion se remplit de l’air glacial du Nord, il fait -35 degrés dehors, je gèle dans mon manteau d’hiver que je portais tous les jours à Montréal.  Je regarde par la fenêtre et, sincèrement, je n’en crois pas mes yeux.  La terre est immense, couverte à l’infini d’une épaisse couche de glace et de neige.  Il n’y a pas d’arbre.  C’est complètement irréel comme vision, je n’avais aucune idée qu’il existait un tel endroit au Québec.  Devant ce territoire gigantesque, je ne comprends toujours pas pourquoi le monde se reconnait dans l’avion… il me semble que le Nunavik est tout à fait géant, comment y connaître des gens!  Pourquoi, cette familiarité entre tous?  Dans les prochains mois où je vivrais dans la région, je comprendrais alors bien des choses, toutefois pour l’instant j’ai tellement de questions!

Ma destination finale est Salluit, mais je ferais un arrêt de quelques jours à Aupaluk, une communauté de 200 personnes.  Pour aller à ce village, je change alors d’avion, un Twin Otter de 12 places avec des bancs pliants.  Je rêve!  La dernière fois que j’ai pris un avion petit comme cela je traversais l’Himalaya vers le Népal!  À côté de moi, des boîtes de toutes sortes, c’est que nous transportons du cargo jusqu’aux villages : nourriture, vêtements, souliers, pièces d’équipement, tissus : tout est amené par avion.  Autour de moi, quelques adolescentes avec leurs bébés.  Elles portent toutes des parkas, des manteaux magnifiques cousus à la main par des gens de leurs communautés et bordés d’une large bande de fourrure.  À côté de moi, un soldat de l’armée, venant faire son entrainement dans les grands froids du Nord.

Mon avion atterrira ce soir-là à Aupaluk, mais ne repartira pas le lendemain ; un blizzard s’est levé et je ne peux pas voir la maison en face de chez moi.  Pendant que je ne peux pas sortir en raison de la tempête, j’essaie de comprendre où je m’en vais, ce que c’est le Nunavik.  Je n’avais tellement pas conscience de cette région du Québec avant d’y mettre les pieds!  Je me sens au bout du monde, tout à fait isolée et dépaysée: la langue, l’habillement, l’accès à la nourriture, le climat, les coutumes sont différentes d’où je suis née, même si je suis toujours au Québec!   C’était le début d’une grande aventure.

 

 

 

 

Myriam Desjardins-Malenfant

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