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Apprécier la vie et le moment présent : comment le Nord a transformé ma perception des choses

5 grandes leçons-surprises de ma vie au Nord!

– Mmmm j’ai un souper ce soir et je ne sais pas quoi mettre… je pourrais peut-être aller faire une p’tite visite au centre d’achat avant d’y aller?

– Ouf, mon lunch est plate, je pense que je vais aller à la foire alimentaire me chercher un lunch ; il y a un nouveau resto vegan qui vient d’ouvrir juste à côté!

– Hey, ça me tente d’aller écouter le dernier film qui vient de sortir, veux-tu venir avec moi?

– Ahhh, j’aimerais ça avoir un nouveau bloc en mousse pour mon cours de yoga.  Il me semble que ça m’aiderait à faire cette position-là.

Au Nord, j’ai régulièrement ce genre de pensées… J’ai envie d’aller prendre une bière, d’aller au restaurant, de m’acheter une nouvelle p’tite chose cute quand j’ai eu une journée bof. Ce sont de petits mécanismes qui me permettent de sentir que j’ai une belle vie, que j’ai un cercle social, que j’essaie de nouvelles affaires cool.

Au Nunavik, j’ai rapidement découvert que ces éléments n’étaient pas possibles, et pourtant je n’ai pas une vie plate pour autant!  J’ai découvert un tout autre monde qui m’a permis de tellement m’enrichir sur le plan personnel!  Voici 5 grandes leçons-surprises que j’ai acquises au Nord!

 

–  Je n’ai jamais autant eu de passe-temps!

Avec l’internet qui est très (très) lent, j’ai appris à m’occuper en apprenant plein de choses qui ne nécessitaient pas d’aller en ligne, de dépenser ou de sortir de chez moi!  Je fais de la fabrication de bijoux, de la peinture, du tricot, je m’entraîne, je joue de la guitare, du piano et du violon, je tiens à jour mon blogue qui me tient tellement à cœur!  Je me suis découvert tant de passions que maintenant, je ne sais pas comment je vais faire pour revenir au Sud et pratiquer tous ces éléments qui me font tellement grandir!

– Je me suis vraiment améliorée en cuisine!

Je n’ai jamais été une experte en cuisine, mais ici j’ai dû le devenir!  Tu veux manger des nachos, du pain multigrain avec graines de chia, une tarte à la citrouille, de la poutine, de la crème brûlée?  Ici, tu as le temps d’apprendre comment préparer de A à Z tous ces éléments et faire des vrais bons plats maison, parce qu’il n’y a pas de restaurants. J’ai donc appris à faire mon propre pain et mes propres barres granola!  De même, je mange aussi beaucoup plus santé!  Et oui, je n’ai pas l’occasion d’aller au restaurant manger des portions surdimensionnées!

Aussi, c’est certain que l’avion avec les légumes n’arrive pas tout le temps à atterrir à Salluit et ça peut prendre quelques jours, mais quand elle atterrit, je te le garantie tu apprécies tes bananes!  Avec toute la nourriture qui arrive par cargo avec l’avion, on apprend à apprécier ce que l’on a et tout devient spécial!

– J’ai beaucoup réfléchi sur mes habitudes de consommation

Au Nunavik, ce ne sont pas toutes les compagnies qui livrent et si elles le font ça peut coûter cher, et ça peut prendre du temps avant que cela ne se rende. Donc, chaque fois que j’ai besoin de quelque chose, j’y pense à deux fois.  Avec le temps, j’ai réalisé que la majorité des choses que je voulais n’étaient pas nécessaires à mon mode de vie.  J’ai donc appris à apprécier ce que j’avais et à faire la différence entre ce qui est nécessaire et ce qui est superficiel… comme un nouveau morceau de linge par exemple.  J’ai appris que je pouvais vivre tellement plus simplement que ce que je faisais avant.

D’ailleurs, ici, il n’y pas de publicité.  C’est reposant pour les yeux et l’esprit; il n’y a pas autant de stimulation à la consommation et ça permet de voir à quel point on achète sans vraiment en avoir besoin.  Ici, j’ai vraiment appris à être minimaliste, quelque chose que je voulais réaliser depuis longtemps.

– J’apprécie les gens et non ce dont ils ont l’air

Quel est l’habit de base au Nord?  Des sweat pants gris ou des leggings, un t-shirt ben normal, un hoddie et un parka (manteau traditionnel Inuit).  À la Coop, c’est ce qu’on vend; deux-trois modèles de la même chose, et c’est ce que les gens portent.  Morale de l’histoire, l’apparence c’est vraiment pas important ici!  D’ailleurs, mes élèves me demandent constamment pourquoi je porte du maquillage!  Elles n’en portent pas et je pense même qu’elles trouvent ça bizarre et laid!  Un souper avec des amis, un potluck, une journée au travail, un brunch du dimanche, une sortie au centre communautaire… peu importe l’occasion, personne ne remarquera si tu as porté le même chandail toute la semaine, ça n’a aucune importance.  Le focus est ailleurs ; sur les gens.

La lenteur et l’apprentissage du lâcher-prise

Au Nord, tout est lent.  Parfois, même si tu veux accomplir mille choses, faut laisser le temps aller et apprécier ce qui se passe dans le moment présent.  Quand il y a un blizzard, la nature parle et il faut l’écouter.  Pas moyen de sortir dehors marcher ou d’aller à une pratique de soccer, c’est le temps de relaxer à la maison.  Même chose pour l’accès aux choses ; il faut tout commander au Sud et ça peut prendre plusieurs semaines avant que ça arrive.  Il faut alors lâcher-prise, s’arranger et faire preuve de débrouillardise.

Bref, j’adore le Nord pour sa simplicité.  Ici, il n’y a pas d’artificiel ou de choses qui flashent, même les éléments de base comme des légumes ou de l’eau courante ne sont pas garantis.  Dans l’ensemble, ça donne une bonne leçon d’humilité au sujet des choses qu’on se dit « nécessaires » pour avoir une vie normale ou heureuse, et ça met un frein à nos attentes, pour apprécier ce qui est vraiment là.  Ça permet surtout d’avoir le temps de vivre dans la simplicité. 

 

 

Andreanne Parenteau

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