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Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter ?

Par 15 janvier 2018 Laurentides, Real talk

Mon père pis moi, on est bien dans le bois, près de l’eau et des montagnes.

Dès leurs débuts, lorsque mes parents avaient environ mon âge, mon père s’est mis à amener ma mère au lac pour les vacances. C’était un lac où tout le monde se connaissait, seulement une petite baie était habitée. Mes parents ont acheté un vieux shack en bois, l’ont complètement démoli et l’on reconstruit. Ils ont tout fait eux-mêmes. J’ai fait mes premiers pas là, alors qu’ils coulaient le solage du sous-sol. Après, on a passé tous nos étés là-bas.

Moi et ma sœur, on faisait des galettes de glaise sur le quai, les deux pieds dans l’eau, comme si on était de grandes pâtissières. Je passais mes journées à attraper des menés, mais je les remettais à l’eau à chaque soir pour pas qu’ils meurent t’sais. Ya des filles qui jouaient aux poupées, moi je jouais avec les animaux. Surtout les petites grenouilles là, les rainettes. Je les mettais dans des bouchons de deux litres de Coke et je les faisais glisser dans ma glissade de PlayMobile.

Chaque fois qu’on embarquait dans le gros camion jaune direction la 117 Nord, on écoutait les cassettes d’Harmonium. Je chantais pis je comptais les motos pendant les deux heures trente qui nous séparaient de mon endroit préféré. Je rêvais d’avoir un motocross comme les gars, pour pouvoir les suivre dans les trails. J’imaginais les histoires d’amour des gens qui écrivaient leurs initiales sur les grosses roches dynamitées de chaque côté de la route. Pis quand on arrivait finalement au Tigre Géant à Labelle, je savais qu’il n’y en avait plus pour longtemps.

Tous les printemps, le moteur du bateau faisait des siennes. Et chaque printemps mon père me tendait le voltmètre en me disait de faire toucher les électrodes ici, pis , mais de ne pas toucher avec mes doigts. J’ai appris comment fonctionne la mécanique d’un moteur à quatre pattes dans mon moteur hors-bord, concentrée pour être à la hauteur de la tâche qui m’était confiée pis le sourire estampé dans la face. En science et techno de secondaire deux, j’ai expliqué à tous les gars de la classe comment l’air et le carburant produisent une petite explosion dans chacun des pistons pis que c’est ce qui produit l’énergie d’un moteur. Pis j’étais fière.

Comme on n’avait pas de télévision au chalet, les parents jouaient à des jeux de société avec nous ou on lisait. Souvent, après souper, on allait prendre une marche dans le bois. Avec Maman, on faisait des bouquets de fleurs sauvages au printemps et à l’automne on ramassait des feuilles colorées qu’on faisait sécher dans les gros livres. Avec Papa on se promenait tranquillement et on observait la nature. Il me montrait à repérer les traces fraiches de cerfs, à reconnaître les sortes d’arbres, à remarquer le son du ruisseau.

Les quelques fois où on est allé l’hiver, Papa nous déneigeait une grosse patinoire à côté du trou où il allait chercher des chaudières d’eau dans le lac gelé et on allait patiner sur le lac. L’été on faisait du ski pis de la planche à genou en arrière du bateau. On faisait aussi du pédalo, du canot ou je me promenais en «Stand Un Paddle» sur notre vieille planche à voile pour aller jouer chez mes amis.

À chaque fin des vacances je suppliais mes parents de rester juste un peu plus longtemps. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait retourner en ville. On était tellement bien ici! Une fois, j’ai fait une si grosse crise que l’ami de mon père m’a trouvé cute et m’a offert de rester avec lui jusqu’à la fin de semaine suivante. Ça c’était tout qu’un événement, parce que cet ami-là, il vivait sur un bateau-maison (un véritable catamaran habitable qu’il avait construit de ses mains). D’habitude, j’y allais seulement quand il allait l’ancrer au milieu du lac pour qu’on puisse plonger du toit pis là je pourrais y passer toute la semaine!

Rendue au CÉGEP, alors que je trouvais encore ça complètement ridicule qu’on me demande de choisir ce que je voulais faire pour le restant de mes jours alors je n’avais absolument aucune idée de ce que j’avais envie de faire demain, je me suis demandée ce que j’étais certaine d’aimer. Pis la réponse a été si simple : le lac, mon chalet, la nature. J’ai donc décidé d’entrer à l’université pour y étudier la biologie. J’ai fait un bac en conservation des milieux aquatiques. Pour en apprendre plus, mais aussi pour pouvoir contribuer à préserver ces milieux magiques, ces endroits parfaits. Tous ces lacs et ces bords de rivières qui sont sources d’autres histoires et anecdotes.

Parmi ces autres-là, il y a vous, il y a mes peut-être futurs enfants, pis il y a aussi mon père. Amoureux de la nature qu’il est, il a travaillé toute sa vie dans une usine pour qu’on ne manque de rien, pis il a finalement pris sa retraite l’automne passé. Depuis ce temps-là, il passe son temps au chalet. Il s’est acheté le skidoo de l’année, parce que lui aussi, ça faisait longtemps qu’il avait hate de pouvoir suivre ses chums dans les trails tout l’hiver. Il a aussi installé un système d’eau qui fonctionne l’hiver pour pouvoir relaxer enfin! un peu.

Les Laurentides, c’est mon terrain de jeux, mon enfance et mes plus beaux moments en famille. C’est la découverte de mon amour pour la nature. L’éveil de mon sens de l’observation et de la motivation de ma carrière actuelle. Mes étés dans les Laurentides sont à la base de la femme que je suis aujourd’hui. Alors merci mes Laurentides, j’vous aime.

 

Gens des Laurentides, c’est quoi votre histoire à vous ?

 


Par Anne

reviseure

Anne Carrier

À propos de Anne Carrier

5 Commentaires

  • Avatar Anne dit :

    J’ai adoré te lire. Ton histoire sent la zennitude et la découverte. Ça donne vraiment envie d’y aller et de faire vivre tout cela à nos peut-etre futurs enfants.

  • Avatar Baribault dit :

    Vraiment très intéressant de constater que chaque geste que les parents posent pour leur enfants est important dans le cheminement de leur vie .Merci a toi pour le partage de ta vie . Josée

  • Avatar Manon dit :

    Bonjour Anne, ça me fait plaisir de te lire. Merci pour ce beau partage. Je suis heureuse pour toi et fière de toi.

  • Avatar France Morand dit :

    Wow! Quel bel hommage à ton enfance ! Ça me touche beaucoup.

    Nominingue au Lac Lesage c’est toujours une aventure. On ne sait jamais ce qui va se passer.
    Quand on a acheté le terrain, j’ai campé dans le vieux shack avec ma grosse bedaine à 2 semaines d’accoucher de toi. Ensuite, je ne pouvais plus faire la route parce que ça me provoquait des contraction. On aurait dit que tu voulais naître au lac. lol

    On a laissé le bateau au quai et on a passé 4 semaines en ville à la grosse chaleur. Puis un jour, on a reçu un appel de notre ami Jean nous informant que notre beau bateau en acajou avait coulé suite à de grosses pluies. Avec la gang, ils se sont installé sur notre minuscule quai pour le sortir de l’eau. Comme ils étaient tous du même côté, le quai à chaviré et ils se sont tous retrouvé dans le lac avec le bateau au fond de l’eau. 27 ans plus tard, on en parle encore en riant et en se tirant la pipe.

    Je reviens de Venise en Italie et je le voyais partout mon beau bateau en acajou. C’était une réplique des taxis de Venise. Après avoir coulé, il n’a plus jamais fonctionné correctement. La coque avait souffert et on l’a mis dans le bois espérant le retaper à un moment donné mais finalement, on a dû le mettre à la scrap parce qu’on ne s’y connaissait pas assez. Un triste événement pour moi qui aime tellement travailler le bois. :.-)

    Les aventures sur le lac sont légion dans mes souvenirs.

    La fois où on était 45 sur le bateau maison et qu’il est tombé une brume si épaisse qu’on ne voyait pas où on allait pour revenir à quai.

    La fois où lors d’une nuit sans lune on dansait sur le toit du bateau maison et que les étoiles se reflétaient sur le lac lisse comme de l’huile et qu’on avait nettement l’impression de danser dans l’espace. Bon OK j’avais peut-être trop bu mais c’était un de ces instants magique où on voudrait juste arrêter le temps.

    La fois où on a vu des ours sur notre terrain et que je ne voulais plus que toi et ta soeur sortiez du chalet pour aller jouer dehors. On a appelé les garde chasse et ils en ont attrappé 3 juste en plaçant une cage juste au bout de notre terrain.

    La cabane dans les arbres que votre papa vous a construite qui était énorme.

    Une des rare fois où j’ai décidé de passer la semaine au lac sans mon Michel et qu’une mini tornade a déraciné une douzaine d’arbres mature qui sont tombés sur notre chemin d’accès à la route. J’ai eu la peur de ma vie qu’un de ces arbres tombe sur notre chalet. Le lendemain, il a fallu sortir les chainsaw pour libérer notre chemin. J’ai jamais utilisé ça moi une chainsaw, une chance que notre voisin est un ancien bucheron . Il nous a aidé et il a coupé tous ces arbres sans rien demander en retour.

    Le lac c’est ça. l’entraide, l’amitié, l’aventure, la beauté de la forêt et de la nature brute à l’état sauvage. Pas question de planter des fleurs qui font juste joli comme en ville. Ici, les chevreuils et les lièvres s’en régalent. C’est observer les oiseaux en leur donnant à manger, c’est trouver un nid de guêpes dans son bateau au printemps. Des mulots qui ont hiberné dans mes bottes de pluie et qui y ont caché on tas de rigatonis. C’est les piqûres de frappe-à-bord sur les chevilles quand t’as enfin compris comment ça marche une maudite planche à voile et que tu à une bonne puff de vent dans la voile. C’est les sérénades de ouaouarons et de huards le soir. C’est un tour de canot juste avant le couché du soleil pour voir les chevreuils venir s’abreuver au lac quand il redevient calme et que les bateaux sont au quai pour la nuit. C’est le chat des maringouins quand tu essaies de t’endormir.

    C’est la fierté du travail que l’on fait soi-même avec les moyens du bord. C’est les amis pour la vie et le calme très loin du trafic et du bruit de la ville. Pas d’internet, pas de cellulaire et même pas de télé. Juste un vieux téléphone à cadran sur une ligne rurale. C’est visiter les voisins. Emprunter des outils à des chums et se retrouver avec des helper pour faire le travail.

    C’est manquer souvent d’électricité quand il vente trop fort et que les branches arrachent les fils électriques. Ça me ramène à mes racine à la façon dont vivaient nos grand-parents. Ça me fait apprécier chaque parcelle de confort que je ne vois jamais normalement par habitude.

    C’est le bonheur simple à l’état pur.

  • Avatar Marie Claude dit :

    Moi les Laurentides c’est aussi mon terrain de jeu depuis ma tendre enfance! Les montagnes, la neige et les paysages boisés d’automne sont des souvenirs que je n’oublirais pas. Les Laurentides sont en moi, comme l’expression ” tu peux sortir la fille du bois, mais pas le bois de la fille “

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